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Communauté de Communes du Golfe de Saint-Tropez - Ramatuelle

Qualité des eaux de baignade

Communauté de Communes du Golfe de Saint-Tropez - Ramatuelle

Qualité des eaux de baignade

Roland Bruno, maire de Ramatuelle, Vice-président de la Communauté de communes du golfe de Saint-Tropez et Jean-Philippe Morin, responsable du service Espaces Maritimes de la Communauté de communes du golfe de Saint-Tropez, présentent le processus de certification de la qualité des eaux de baignade mis en oeuvre par la Communauté de communes et sa valorisation.

Interview de Jean-Philippe MORIN, responsable du service Espaces Maritimes - Communauté de communes du golfe de Saint-Tropez

Jean-Philippe Morin présente le processus de certification de la qualité des eaux de baignade et les actions de communication à destination du public mis en oeuvre par la Communauté de Communes.


A quelle problématique votre action répond-elle ?

Il s’agit de garantir la qualité des eaux de baignade des espaces maritimes de la Communauté de Communes du Golfe de Saint-Tropez, en conformité à la réglementation en vigueur, c’est-à-dire selon les critères de la directive européenne 2006/7/CE .

À quels enjeux de territoire votre projet répond-il ?

Le tourisme sur le territoire.

Y-a-t’il eu un diagnostic pour permettre la mise en place de cette action ?

À l’origine, la qualité des eaux de baignade est gérée de manière réglementaire par les services de l’État, notamment l’Agence régionale de santé (ARS). Pendant très longtemps, ces analyses ont constitué le seul outil pour suivre la qualité des eaux et intervenir sur les ouvertures et fermetures des baignades en fonction des résultats. La problématique qui était rencontrée alors, était que les méthodes d’analyse de l’ARS permettaient d’avoir des résultats à J+3. Autrement dit, si nous avions une eau de mauvaise qualité analysée par l’ARS un jour J, les résultats puis la fermeture n’intervenaient qu’à J+3. Or, dans 99,9 % des cas, la qualité de l’eau était revenue à la normale, parce qu’il y a des capacités dans le milieu marin à disperser et réduire la présence bactériologique. Donc, les communes n’étaient pas satisfaites par ce dispositif, non pas parce qu’il montrait qu’il pouvait y avoir une mauvaise qualité, mais parce que lorsqu'il le montrait, c’était déjà trop tard. L’autre information à prendre en compte, c’est la fréquence de prélèvement par l’ARS. Les communes ont le choix entre 10 et 20 prélèvements sur une saison, qui s’étend de mi-mai à début octobre, ce qui représente une fréquence faible sur une saison. Il faut ajouter à cela que si les résultats révèlent une mauvaise qualité de l’eau, l’ARS revient faire un nouveau prélèvement avec un nouveau résultat à J+3. Donc, la réouverture se fait plutôt en général à J+6, du fait de la durée des analyses, donc très éloignées de la première pollution. Il y avait un vrai décalage entre l’outil et la problématique. Les communes se sont donc penchées sur un outil d’analyse plus rapide. C’est ce qui nous a amené à proposer des solutions nouvelles : nous nous sommes appuyés au départ sur les résultats de l’ARS, pour mieux connaître le territoire et les zones sensibles. Nous avons aussi accumulé des données de notre côté, car notre fréquence d’analyses était bien supérieure. Nous avons ainsi affiné le diagnostic d’une part, et d’autre part pointé les plages à problème et celles qui le sont moins.

Votre action s’est-elle réalisée plutôt sur un ressenti ou sur une réalité politique ?

C’est une priorité politique. Le calendrier de prélèvements et de fermetures mis en oeuvre par l’ARS ne correspondait pas avec l’enjeu de départ.

Quels ont été les moments clés durant l’évolution de votre projet ?

Tout d’abord, nous avons toujours fait le choix de privilégier la fiabilité de nos méthodes d’analyse comme critère de choix principal, avant de privilégier la vitesse. Il existe en effet des méthodes plus rapides, mais il y a des incertitudes sur la qualité des résultats, leur représentativité et leur capacité à être comparées à des résultats normalisés, car les méthodes rapides ne sont plus basées sur les mêmes processus. Nous avons fait le choix de rester sur des processus qui s’apparentent au maximum avec les méthodes normalisées. À partir de 2009, un référentiel pour la certification du système de gestion des eaux de baignade a été élaboré par l’État, c’est-à-dire le Ministère de la santé et le Ministère du tourisme, mais aussi les associations des communes touristiques. Nous avons été le premier territoire à bénéficier de cette certification. Ce qui nous a permis d’aller au-delà de la directive européenne, dans beaucoup de domaines, étant donné qu’il s’agit d’une démarche volontaire, qui va plus loin que les préconisations réglementaires. Cette certification génère chaque année un audit avec un bureau de contrôle, pour vérifier que nous sommes bien conformes aux référentiels.

Sur quels critères avez-vous priorisé vos actions ?

Deux critères : l’aléa et l’enjeu. En ce qui concerne l’aléa tout d’abord, nous surveillons 43 eaux de baignade, qui ne sont pas toutes soumises au même aléa. Certaines ont des occurrences de pollution plus importantes que d’autres. Des plages de centre-ville ont un fort risque, alors que des baignades plus isolées ont une occurrence plus faible. Le second critère, c’est l’enjeu, c’est-à-dire la densité de baigneurs. Plus on a de baigneurs, plus on va considérer l’endroit où ils sont, par rapport à des zones où il y a moins de baigneurs. Quand on croise les deux on établit le risque. Par exemple, si une plage a une forte occurrence et un grand nombre de baigneurs, le risque est très fort. À l’inverse, une plage peu fréquentée et qui se situe dans un secteur avec peu de sources de pollution, l’enjeu est très faible. Nous avons ainsi catégorisé les sites en fonction de ces aléas et de ces enjeux. De manière générale, là où il y a beaucoup de baigneurs, ce sont les plages où il y a un risque fort. C’est un phénomène sociétal, car les baignades les plus à risques sont celles du centre-ville, qui sont aussi celles où les gens vont le plus facilement, car il n’y a pas besoin de moyen de transport.

Est-ce que le projet a été le fruit de concertations et échanges entre les parties concernées ou avec la population ?

Oui tout à fait. Les parties concernées sont surtout les élus des communes concernées et les techniciens permettant sa mise en œuvre. Seuls, nous sommes incapables d’appliquer un tel processus qui couvre 43 sites de baignades sur 9 communes. Sans les techniciens, nous devrions être 7 à 8 personnes tout l’été, pour un suivi fiable. Nous nous appuyons à la fois sur les communes, les services techniques, les postes de secours, le personnel de nettoyage des plages, les polices municipales et les brigades nautiques. C’est tout un réseau d’acteurs qui est sensibilisé et formé sur la qualité des eaux de baignades et qui sont sur le terrain. À cela s’ajoutent les administrés, avec des dispositifs de mains courantes.

Pouvez-vous décrire les objectifs de votre opération, qu’ils soient généraux, spécifiques ou opérationnels ?

Il y a deux objectifs. Tout d’abord, c’est d’être conforme à la directive européenne et ensuite c’est l’amélioration continue. Nous comparons simplement nos résultats à la directive, pour savoir si nous sommes dans les normes ou non. Ensuite, c’est l’amélioration continue, avec une démarche de certification. Souvent, lorsque les résultats ne sont pas bons, nous cherchons à faire de l’amélioration continue, pour savoir d’où vient le problème et comment nous pouvons nous améliorer. Par exemple, cela peut-être un problème de maîtrise de l’aléa, comme un problème lié au réseau d’assainissement, il faut chercher comment en réduire l’impact. Cela peut aussi venir du processus de chaîne de décision, qui amène à fermer ou non la baignade. Il s’agit alors de déterminer comment améliorer ce processus, quelles informations il faut apporter.

Quel est le public cible de ce projet ?

C’est tout d’abord le baigneur, puisque c’est l’enjeu. Mais c’est aussi l’élu in fine, car c’est lui qui prend la décision de fermer ou non, du fait de son pouvoir de police. En tant que Communauté de Communes, le pouvoir de décision ne nous revient pas, c’est au maire qu’il incombe et nous l’appliquons. D’où l’importance d’un bon transfert d’information, pour que le maire prenne la décision la plus adéquate.

Pour mobiliser ce public, quelles stratégies avez-vous utilisées ?

Nous venons de créer une application, qui permet au public baigneur, de connaître en temps réel la qualité des eaux de baignade. Il s’agit d’une carte interactive, avec des points représentant les lieux de baignade. Quand on clique sur l’un de ces points, on obtient les résultats des dernières analyses. L’application indique aussi les fermetures de plages. C’est un outil qui nous permet d’être au plus près de l’enjeu, c’est-à-dire du public et de l’informer de la qualité des eaux de baignades. En ce qui concerne les élus, nous avons mis en œuvre un accompagnement et une information. L’objectif est tout d’abord de permettre une prise de conscience de l’importance de l’aspect sanitaire et qu’il ne faut pas le minorer, mais aussi que les élus ont des responsabilités civiles et pénales en cas de problème. C’est donc toute une série de processus que nous avons mis en place, pour qu’entre les informations sur la qualité des eaux que nous obtenons et la décision de l’élu, le cheminement de l’information soit le plus fluide possible, d’autant plus qu’il y a un grand nombre d’interlocuteurs et que nous n’avons pas toujours une relation directe avec l’élu. On pourra avoir par exemple une relation directe avec un technicien de la commune ou le directeur général des services, mais il faut faire remonter l’information. En effet, à partir du moment où il y a des filtres, il faut travailler à la non transformation de l’information, pour arriver à la décision finale.

Est-ce que le public a été inclus dans la conception du projet ?

Le public baigneur n’a pas été impliqué dans la conception. Par contre, les élus le sont, par le biais de réunions et d’outils. Par exemple, nous avons un classeur qui reprend tous les éléments de la certification, avec des fiches procédure, par exemple, une fiche sur la procédure à suivre pour obtenir une décision en cas de pollution, ou une fiche sur les personnes à alerter. C’est une formalisation des procédures.

Depuis quand ce projet existe-t-il ?

Cela fait maintenant une quinzaine d’années et il va se prolonger tant que les élus souhaiteront que nous continuions. La qualité des eaux de baignades est un sujet sur lequel le maire a des obligations de résultats, il est donc très probable que ce projet perdure. Bien entendu, il se peut que nous changions de manière de travailler à l’avenir, mais cela n’est pas prévu actuellement.

Est-ce que le projet a différentes phases ?

Au cours d’une année, il y a effectivement différentes phases, nous reproduisons chaque année une procédure bien établie. Elle démarre au 1er janvier, phase à laquelle on exploite le bilan de l’année N-1. Chaque année nous faisons ce bilan, pour examiner les problématiques observées et ce qui a été mis en œuvre. Cela nous permet de travailler en étroite collaboration avec nos référents dans les communes, de voir si la problématique provient d’une commune en particulier et comment on peut la traiter. Pendant la phase hivernale, nous préparons aussi la certification, c’est-à-dire que nous travaillons sur la modification des fiches si besoin et l’ensemble du document de certification. L’auditeur va en effet nous demander de lui montrer tout le document de certification, mais aussi ce que nous avons fait depuis l’année précédente, afin de pouvoir améliorer notre dispositif. Cette phase est prévue durant le premier semestre. À partir du mois de mai, nous commençons à entrer dans la phase de suivi de la saison balnéaire, qui dure de juin à septembre, avec les premiers prélèvements qui ont lieu à la mi-mai. Nous montons en charge progressivement, entre juin, juillet et août, jusqu’à une phase descendante en septembre, en fonction du nombre de baigneurs. Début juin, nous faisons un point par plage par semaine et au pic de la saison, nous nous rendons sur certaines plages jusqu’à quatre fois par semaine. C’est la phase estivale de prélèvements et de contrôles, ainsi que de la mise en œuvre de la procédure de gestion de crise en cas de pollution. Nous sommes mobilisables 7 jours sur 7 pendant cette période estivale, pour faire face à la moindre alerte. Nous mettons alors en place des astreintes d’une semaine, pour qu’il y ait toujours du personnel disponible. À partir de septembre, on commence à faire le bilan avec les communes, pour faire le point sur ce qui va et ce qui ne va pas, mais aussi pour faire les rapports que nous allons utiliser par la suite.

Est-ce que le public participe à l’action ?

Le système de certification prévoit un système de main courante, destiné au public, pour qu’il fasse remonter l’information. Mais il est trop peu utilisé à l’heure actuelle, ce n’est pas un outil efficace par conséquent. Par contre, on se rend compte qu’il y a une plus grande participation du public aujourd’hui, via les réseaux sociaux. Lorsqu’il y a une fermeture de baignade, nous allons avoir de nombreux commentaires, pour comprendre ce qui se passe notamment. C‘est pour cela que nous allons travailler davantage avec l’application, et insister sur ce mode de communication.

Quelles actions ont été mises en place ?

Il s’agit de cette application à destination du grand public, soit une plateforme d’information des baigneurs. Cet outil est aussi doté d’un module qui permet d’échanger avec les élus, via des notifications. Ce module est pour l’instant en cours de création, mais sera bientôt en place. Ensuite, nous avons des outils pour permettre de savoir quelle est la couleur du drapeau sur la plage. Les moyens de communication sur les sites de baignade permettent aux usagers d’avoir les informations importantes sur la zone, comme son classement, sa description, les résultats de prélèvements, avec un panneau qui matérialise ces informations. Nous avons aussi initié des actions sur tout le territoire, en menant des campagnes à destination des baigneurs, en distribuant des flyers. Et il y a bien sûr les prélèvements et les analyses. Nous avons d’ailleurs investi dans un outil technique qui nous permet de réduire encore le temps pour connaître les résultats, soit moins de 12 heures.

Quels sont les moyens alloués au projet ?

Il y a cinq agents qui s’occupent du projet l’été, ce qui représente quatre équivalents temps plein (ETP). Ils ne sont pas à 100 % sur l’opération, mais leur présence permet de faire face à des pics de pollution. Le reste de l’année, un agent est mobilisé pour les actions à mener hors saison. Il y a aussi les personnels d’astreinte bien sûr. Des moyens sont aussi alloués au laboratoire, comme par exemple la mise en œuvre de la nouvelle technique d’analyse, qui a généré une dépense de plus de 50 000 €. Il y a aussi bien sûr tous les ans des frais de fonctionnement, avec les consommables dont nous avons besoin, qui sont de 30 à 40 000 €. À cela s’ajoutent les frais des véhicules pour faire les tournées, les moyens téléphoniques et informatiques, des stations météo pour connaître le niveau de pluie… Ce sont des moyens conséquents bien sûr, mais l’enjeu, pour une station balnéaire comme Saint-Tropez, est de minimiser le risque de dégradation des eaux de baignade. Ce qui est bien sûr fondamental pour une station balnéaire aussi touristique.

Comment les expériences de terrain ont été remontées aux décideurs, responsables et financeurs ?

Par exemple, la gestion de crise fait l’objet d’une fiche d’anomalie. Elle récapitule le constat du problème, mais aussi son traitement et les pistes d’amélioration à poursuivre. Cet outil précise quel dysfonctionnement est apparu dans le processus et comment remédier à cela. Les bilans de fin de saison permettent de faire remonter l’information en phase de routine. Nous avons aussi un système de référents communaux, avec qui nous sommes en lien toutes les semaines et auprès desquels nous faisons remonter toute information sur le terrain et inversement bien entendu. Ils nous rapportent tout événement dont ils ont été informés par les services techniques ou par les usagers, afin que nous nous déplacions si besoin. Dans le cadre des résultats d’analyse, nous envoyons les résultats aux communes pour affichage, elles sont donc au courant des résultats.

Avez-vous organisé des comités de pilotage ?

Oui, nous les nommons réunions techniques, avec les référents. Elles ont lieu une à deux fois par an. Nous organisons en plus des rencontres individuelles avec chaque commune, chaque année en début de saison, pour les mettre en place. Il y a donc des réunions collégiales et des réunions individuelles.

Quels sont les objectifs de ces réunions ?

Il s’agit de rappeler les grands principes avant chaque saison et éventuellement de présenter les évolutions pour qu’elles soient bien intégrées. Ces réunions permettent aussi d’identifier les interlocuteurs, s’ils ont changé. Il s’agit aussi de mettre à jour les documents.

Est-ce qu’il y a un coordinateur de projet et quel est son rôle ?

Oui, il y a un coordinateur, qui est l’agent référent sur la qualité des eaux de baignade. Il va garantir que tous les aspects du processus sont bien respectés et mis en œuvre. Ensuite, il y a les référents communaux, un par commune, qui donne le détail de leurs communes.

Quels sont vos partenaires et quels sont leurs rôles ?

Le partenaire principal est l’ARS. Ce sont ses agents qui exploitent les données dont nous disposons, vers qui vont les informations que nous récupérons. Les partenaires sur la mise en œuvre des opérations, à savoir les postes de secours. Ils peuvent être soutenus par la gendarmerie, la police municipale, la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), les pompiers, cela dépend des plages. Les techniciens des communes sont aussi des partenaires opérationnels. Nous avions en plus parmi les partenaires institutionnels, la Région, l’Agence de l’eau et le Département du Var. Ils ne font aujourd’hui plus partie de nos partenaires, leur rôle était principalement de participer au financement.

Comment avez-vous évalué votre projet ?

L’évaluation, c’est la certification, puisque c’est un audit externalisé, qui pointe tout ce qui va et ne va pas. Cela permet d’évaluer notre processus en fin de saison, pour atteindre cet objectif de certification. Elle dure une semaine, durant laquelle l’auditeur va voir les communes, pose des questions à tout le monde que ce soit en mairie ou sur les plages, aux baigneurs ou aux techniciens. Il s’assure aussi que chaque personne qui intègre le processus soit bien au courant de ses missions. L’auditeur est issu d’un bureau de contrôle spécialisé dans ces domaines, qui est choisi suite à un marché public lancé chaque année.

À quel moment cette évaluation a lieu ?

La semaine de certification se fait en général entre juin et juillet. Le processus d’évaluation est continu et nous le mettons en oeuvre en permanence, notamment avec les bilans, pour pouvoir travailler sur l’amélioration continue, afin d’obtenir la certification.

Quels ont été les résultats de cette évaluation ?

Depuis 10 ans que la certification existe, nous avons toujours obtenu la certification eau de baignade. Nous considérons que les résultats sont donc plutôt bons. Dans le détail, la plupart des plages sont de qualité excellente, de temps en temps certaines passent en qualité bonne, car il peut y avoir quelques pluies qui dégradent la qualité de l’eau. Mais cela concerne en général 2 à 3 plages sur 43, soit 5 % des plages à peu près.

Suite à ces évaluations, avez-vous observé des effets inattendus, comme l’émergence d’autres problématiques ou effets bénéfiques ?

La certification en tant que telle fait émerger des opportunités d’amélioration, que nous prenons en compte et essayons de mettre en œuvre sur les années suivantes. Il y en a donc chaque année et dans tous les domaines, comme la communication, la gestion du laboratoire, l’équipement, les fréquences de prélèvements, la formation des référents, la simplification des processus pour que ça soit fonctionnel… Elle oblige à se poser les bonnes questions et ensuite à mettre en œuvre les solutions adaptées.

Par exemple, quelles ont été les évolutions en matière de gestion du laboratoire suite à ces évaluations ?

Au tout début, il s’est agi de formaliser des processus d’hygiène entre autres, ou encore le stockage des produits, la gestion de la température. Par exemple, nous nous sommes rendu compte que la température était trop élevée l’été pour pouvoir y stocker des produits, nous avons donc installé une climatisation pour régler le problème. Cela nous permet aussi de réfléchir aux horaires de tournées, pour minimiser les impacts en matière de prélèvements, mais aussi de durée de déplacement compte tenu du trafic. Nous avons aussi des analyses spatiales, pour comprendre comment au sein de secteurs homogènes on peut constater des résultats différents, la bactériologie n’étant pas une science exacte. Selon que l’on fait un prélèvement à quelques centimètres de distance, on obtient des résultats différents. Il s’agit de prendre tous les résultats obtenus avec des pincettes, pour bien les comprendre.

Si un autre territoire souhaite reproduire votre action, quel conseil lui donneriez-vous ?

Cela a déjà été le cas, avec des territoires qui ont mis en place des processus un peu identiques au notre, avec lesquels nous avons organisés des réunions d’information. Ce qui est important, c’est de disposer d’une bonne base de données de départ qui va porter sur les aléas : sources de pollutions comme les réseaux d’assainissement, les postes de relevages, les réseaux routiers, les réseaux hydrographiques… Il faut donc bien connaître son territoire pour pouvoir informer, mais aussi bien connaître son interlocuteur. Les conseils à donner sont nombreux. Mais avant tout, il faut dire que la certification est une bonne démarche, qui permet d’avoir un accompagnement et un formalisme dans son travail. Même si on a parfois l’impression d’une certaine redondance, ce cadre oblige à se sentir concerné par le processus, sans quoi on risque de réduire sa vigilance. Cela aussi fait partie des avantages de la certification, que nous recommandons aux territoires qui souhaitent se lancer. Les communes ont progressivement été de plus en plus nombreuses à s’inscrire dans le processus. Au départ, il y en avait trois sur les neuf, et aujourd’hui, elles sont huit à être certifiées, parce qu’elles y ont trouvé un intérêt, en assistant aux réunions avec les autres communes de la communauté. Les élus fonctionnent aussi beaucoup par comparaison et se rendent ainsi compte qu’ils ne sont pas les seuls à avoir des problèmes. L’objectif en matière de gestion des eaux de baignade n’est pas de ne pas avoir de pollution, mais d’être en mesure de la gérer quand il y en a. Bien sûr, s’il n’y en a pas c’est mieux, mais personne n’est à l’abri et il faut savoir se donner les moyens de gérer ces crises au mieux et le plus vite possible.

Avez-vous identifié des points à améliorer ou à faire évoluer ?

Sur le retour d’expérience de l’an dernier, nous nous sommes rendu compte que nous devons faire évoluer l’application, notamment sur tout ce qui est communication avec le public. Certains outils doivent être améliorés. Mais aussi la gestion de crise : puisque chaque crise est unique, il faut réussir à transposer notre expérience à des circonstances qui ne sont pas les mêmes, tout en s’appuyant sur nos acquis pour pouvoir ne pas tout réinventer à chaque fois. C’est donc un équilibre entre l’empirique et les circonstances uniques. Par exemple, la pluie, qui est la cause principale des pollutions, n’est pas homogène sur tout le territoire. Il y a ainsi parfois des concentrations sur un bassin versant, mais celui d’à côté n’est pas ou que très peu concerné. Il faut donc arriver à catégoriser l’impact de la pluie sur la baignade, cela pouvant être lié au vent, aux courants… L’idée étant de ne pas fermer la totalité des baignades parce qu’il pleut à un endroit, en distinguant bien les secteurs touchés de ceux qui ne le sont pas. Il y a donc beaucoup de facteurs à considérer à chaque fois, sans parler du facteur humain dans le cadre de la transmission d’information.

Pouvez-vous identifier des moments clés dans la réussite de votre projet ?

Le premier c’est la genèse : la compréhension qu’il y a un décalage entre le résultat de l’ARS et la prise de décision 3 jours après, ce qui n’était donc le plus souvent plus nécessaire. Le second, c’est le cap de la certification, qui a été un facteur fort dans l’évolution du projet. Le troisième, c’est la question qui revient tout le temps, de l’évolution des délais d’analyses. C’est un point qui intéresse beaucoup les élus, parce que les délais de fermetures ont des impacts importants. Il faut de notre côté arriver à les sensibiliser pour leur faire comprendre l’intérêt et l’importance des mesures de fermeture du fait des résultats d’analyses.

Comment le public a-t-il été informé de l’action ?

La première communication obligatoire, ce sont les panneaux vitrines sur chaque plage. Ensuite, il y a la création d’un site internet pour transférer l’information. Mais comme ce n’est pas l’outil adéquat pour ce public, nous avons mis en place un troisième niveau : l’application smartphone. C’est une progression vers des outils plus dynamiques, même si bien sûr les panneaux restent obligatoires.

Comment avez-vous valorisé votre action ?

Les élus ont besoin de faire savoir qu’ils mettent en œuvre une politique d’amélioration et de gestion de la qualité des eaux de baignades. Elle est donc valorisée auprès des baigneurs, via les réseaux sociaux, la presse locale, les flyers, des stands d’information. Les élus peuvent aussi valoriser cette action auprès de leurs collègues élus. Nous valorisons aussi notre action auprès des élus dans le cadre de la gestion de crise, des temps de réouvertures, des suivis, car cela peut leur permettre de transmettre une image publique et politique auprès des usagers. Pour nous l’intérêt est d’informer sur l’intérêt de notre action sur le territoire. Vis-à-vis de l’ARS, cela nous permet de prendre des décisions adaptées à la situation. Par exemple, si l'ARS fait un prélèvement et que le résultat est mauvais, mais que nous avons nous aussi fait un prélèvement le lendemain avec un bon résultat, c’est le dernier qui prévaut et la fermeture n’est donc pas ordonnée, d’autant plus que nous avons notre résultat d’analyse avant que l’ARS ait le sien. Cela joue aussi sur la réaction de l’ARS sur son propre résultat, car ses agents sont en contact avec nous et considèrent que notre démarche a de la valeur et que nos résultats sont officiels. C’est important pour les élus, car sans notre auto-surveillance, l’ARS aurait demandé une contre analyse à J+3 voire demandé la fermeture.