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Grand-Avignon

Qualité de l’air extérieur

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Qualité de l’air extérieur

Jeremy Harismendy, chargé de mission mobilité, service Mobilité du Grand Avignon, décrit le déroulement de la mise en œuvre du Plan de Déplacements Urbains (PDU) de son agglomération. Il souligne l’importance des critères de faisabilité et d’efficacité d’un tel projet dans un contexte d’amélioration de la qualité de l’air et de lutte contre la pollution atmosphérique.

Interview de Jeremy TRESCAZES, chef du service Mobilité du Grand Avignon

Jeremy Trescazes décrit le déroulement de la mise en œuvre du Plan de déplacements urbains (PDU) de son agglomération. Il souligne l’importance des critères de faisabilité et d’efficacité d’un tel projet dans un contexte d’amélioration de la qualité de l’air et de lutte contre la pollution atmosphérique et revient sur la grande implication mutuelle de la société civile et des partenaires institutionnels dans l’élaboration de cette action.


A quelles problématiques répond votre action ? 

Notre action, à savoir le Plan de déplacements urbains (PDU), est spécifique aux questions de mobilité sur le territoire du Grand Avignon. Il s'agit d'un document de planification mais aussi de programmation. Il doit nous permettre, d'ici 10 ans, d'atteindre 11 objectifs réglementaires qui doivent être mesurables et effectifs. Le Plan de déplacements urbains a été rendu obligatoire pour la première fois en 1996 par la Loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie (LAURE) . Avec notre PDU, nous sommes revenus à l'essence même de la problématique : l'amélioration de la qualité de l'air sur notre territoire et la lutte contre la pollution atmosphérique. 

Dans quel contexte s'inscrit cette action ?

Il y a le contexte réglementaire, comme nous l'avons précédemment mentionné. A Avignon, nous sommes également soumis à un Plan de protection de l'atmosphère (PPA) qui nous astreint à des obligations supplémentaires, notamment une réduction de 10% des oxydes d'azote et des particules fines à l'horizon du PDU. Sur le territoire, nous avons aussi ressenti depuis longtemps la nécessité de se doter d’axes lourds de transports collectifs en site propre (TCSP). Au début du PDU, le choix de la réalisation du tramway a supposé de l’accompagner par des mesures complémentaires ayant trait aux modes actifs, au stationnement, à la circulation et plus globalement construire un ensemble d’alternatives à la voiture individuelle. Il s'agit donc d'un double besoin.

À quels enjeux du territoire répond le projet ?

Notre territoire a deux spécificités. La première, c'est que le Grand Avignon est à cheval sur deux départements : le Gard et le Vaucluse et donc sur deux régions. La deuxième particularité, c'est que la Grand Avignon s'inscrit dans une aire urbaine très large qui s'étend d'Orange jusqu'au nord des Alpilles. Il nous a donc fallu veiller à associer nos partenaires voisins pour assurer une cohérence sur les territoires limitrophes. Cela se retrouve dans le fait que nous avons programmé, dans le PDU, des actions qui se produisent sur le territoire voisin, ce qui est assez inédit. En termes de règlement, de tels cas ne sont pas prévus par les textes car le PDU couvre le ressort territorial de l’autorité organisatrice de la mobilité (AOM).

Y a-t-il eu un diagnostic ? L'action s'est-elle réalisée sur un ressenti ou sur une priorité politique ?

Le PDU lui-même est réglementaire, par ailleurs sa mise en œuvre représente une évidence vis-à-vis des besoins en matière de qualité de l'air. Néanmoins comme n’importe quelle démarche de projet il est de coutume de s’appuyer sur un diagnostic, réalisé par la suite. Ce diagnostic a permis de hiérarchiser les priorités pour ensuite décliner les actions et les programmer sur dix ans. Il fait partie des documents du PDU soumis à enquête publique, avec le scénario et le projet.

Quelle est l'histoire du projet (éléments déclencheurs, opportunités, etc.) ?

Le PDU a été créé avec la Loi sur l'orientation des transports intérieurs (LOTI) en 1982 et rendu obligatoire en 1996 par la loi LAURE. Au départ, il ne comprenait que quatre objectifs contre onze aujourd'hui. Ces derniers se sont faits de plus en plus précis et opérationnels.

Nous avons alors défini pour chacune des actions la manière dont elles seront pilotées, leur échéance, et leur montant. 

En 2012, j'ai été recruté pour deux raisons : pour mener cette démarche jusqu'au bout, bien évidemment, mais aussi pour accompagner le choix du mode de tramway, afin de l'inscrire dans une politique générale et de ne pas en faire un objet isolé. 

Sur quels critères avez-vous priorisé vos actions ?

Il était avant tout question de mettre en place un PDU pragmatique et réalisable. L'un des critères de priorisation a donc été la faisabilité du projet.

Le deuxième élément réside en l'efficacité du projet. Par exemple, nous n'avons pas retenu des actions qui ne touchaient qu'une très maigre partie des citoyens. Nous avons donc veillé à l'effet "masse" du projet afin que les changements se fassent rapidement et touchent un maximum de personnes.

Le projet a-t-il été le fruit de concertations, d'échanges, par les parties concernées ? Par la population ?

Oui, nous avons ouvert le projet à la société civile lors des ateliers de concertations durant lesquels les participants ont réalisé des fiches-actions qui ont ensuite été soumises à examen par une commission d’élus.

Nous avons proposé aux personnes de s'inscrire aux ateliers de concertations de la phase de diagnostic en leur présentant la définition d'un PDU, les enjeux et les règles lors d'un forum d'ouverture. Nous attendions un engagement sur la durée de la part des participants et nous avons dénombré une participation de 250 personnes. Nous avons également organisé un forum de clôture.

Le projet a bien été compris, ce qui s'est vu à travers des ateliers riches. Il y a donc eu un engagement mutuel constant et sur plusieurs mois entre la société civile et l'agglomération.

Ces ateliers avaient un objectif de production, et non de décision, ce sont les élus qui ont pris les décisions finales. Pour cela, nous avons mis en place une "cellule PDU". Les élus ont alors examiné 90 actions et en ont sélectionné 51 à mettre en place.

Quels sont les objectifs visés par votre action (Finalité, objectifs généraux, spécifiques, opérationnels) ?

Nous suivons les 11 objectifs réglementaires mais nous avons des objectifs spécifiques à notre territoire. 

Nos 3 axes de travail de notre PDU sont :

  • développer une offre alternative à l’automobile, 
  • maîtriser les flux,
  • accompagner le changement dans la durée.

Quel est le public cible du projet ?

Les citoyens.

Quelles stratégies avez-vous utilisées pour mobiliser le public concerné ?

Pour mobiliser la société civile, nous avons envoyé des courriers et des mails à toutes les communes pour identifier les personnes et structures qui seraient susceptibles de participer.

Ensuite, j'ai contacté les associations de cyclistes, de motards, ou encore de personnes à mobilité réduite, entre autres. Il y a donc eu un travail de recherche qui a permis de constituer un fichier de plus de 600 personnes, lequel comprend aussi des représentants des acteurs économiques, des quartiers, etc.

Le public a-t-il été impliqué dans la conception du projet ? Si oui, comment ?

Oui, lors des ateliers de concertation.

Quelle est la durée du projet ?

La durée du PDU s'échelonne à dix ans donc nous visons un horizon 2025.

Quelle est la temporalité d'un tel projet ? 

4 ans pour l’élaboration du projet (2012-2016) puis mise en place du PDU sur 10 ans.

Le projet a-t-il différentes phases ? Si oui, lesquelles ?

  • Décembre 2012 : le lancement de la démarche s'est fait d'abord en conseil communautaire, pour valider le démarrage de la démarche avec un bureau d'étude.
  • 2013 : phase de concertation : les ateliers, les forums, les sept ateliers de diagnostic, les quatre ateliers dédiés au scénario.
  • Décembre 2013 : approbation du diagnostic. Ecriture des scénarios.
  • Février 2014 : forum de clôture des ateliers de concertation.
  • 2ième semestre 2014 et 1er semestre 2015 : sélection des 51 fiches actions.
  • 2ième semestre 2015 : modélisation du pré-projet en matière environnementale (modélisation qualité de l’air) et maquette financière.
  • Février 2016 : arrêt du projet.
  • Printemps 2016 : avis des « personnes publiques associées » (3 mois) et enquête publique au mois de juin 2016. 
  • Approbation définitive le 12 décembre 2016 du PDU : le projet a été validé, rendu opposable et depuis nous le mettons en œuvre.

Le public participe-t-il à l'action ?

Oui, via les ateliers de concertation et la cellule du PDU que nous continuons encore maintenant.

Quelles actions ont été mises en place ? Où ? Quand ? Comment ?

  • Travaux du tramway phase I : 117 M€.
  • Mise en place des fonds de concours vélo : 720K€ à destination des communes en faveur de la réalisation des itinéraires cyclables.
  • Mise en service de Géovélo, calculateur d’itinéraires vélo : 40K€.
  • Mise en place du soutien à l’acquisition de vélo à assistance électrique : 100€par ménage et par an résidant sur le Grand Avignon.
  • Etc…

Quel est l'échéancier du projet ? Comment a-t-il été élaboré ?

Le projet est en cours de réalisation depuis 2012. (cf. question sur la durée du projet.)

Quels ont été les moyens alloués au projet (budget, ressources humaines, formations, moyens techniques, etc.) ?

Nous avons entrepris une modélisation de trafic partenarial auquel adhèrent sept partenaires pour avoir une vision plus claire du trafic automobile sur notre territoire. Par cette démarche, nous sommes allés plus loin que ce qui est demandé par le PDU. Cette action coûte environ 250 000 euros et va nous permettre de mieux évaluer les actions séparément, comme la liaison est-ouest (LEO) ou les effets du tramway.

En termes de moyens, le bureau d'étude nous a coûté 250 000 euros pour l'élaboration du projet. Pour l'évaluation, nous avons recruté une personne dédiée à la mise en œuvre et au suivi du PDU, ce qui correspond à environ 50 000 euros par an. Concernant les moyens humains, nous avons mobilisé nos partenaires et nos collègues en interne, et nous avons mis en place des comités. Sur 10 ans, le PDU représente 340 millions d'euros, mais pour le Grand Avignon, cela représente 250 millions d'euros, donc 90 millions d'euros sont apportés par nos partenaires.

Comment les expériences de terrains sont-elles transmises aux décideurs ? Aux responsables ? Aux financeurs ?

Le lien entre le terrain et les financeurs et les élus se fait durant les ateliers de concertation, auxquels les décideurs sont systématiquement conviés. 

Il y a-t-il un comité de pilotage ? Si oui, qui le compose ? Quels sont ses objectifs ?

Les comités de pilotage comprennent les financeurs, à savoir les régions, les départements, les villes, la SNCF, certaines structures un peu particulières comme le syndicat mixte qui réalise le SCoT (il ne finance pas mais est décideur) et l'Etat. Pour les comités techniques, nous retrouvons les mêmes représentants, ainsi que notre société publique locale (SPL) Tecelys qui se charge de la réalisation du tramway, notre délégataire TCRA, l'agence d'urbanisme, et ATMO Sud, etc….

Combien de réunions du comité de pilotage avez-vous organisé ?

Nous avons organisé quatre comités de pilotage, de l'élaboration jusqu'au suivi (depuis 2012). Pour les comités techniques, il est plus difficile de les dénombrer car nous les avons subdivisés en fonction des thématiques mais je dirais au moins une vingtaine.

Qui a été le coordinateur du projet ? A-t-il différents rôles dans la structure ?

C'est moi-même. Je suis chargé du service Mobilité. Je pilote toute la partie dédiée au transport et à la mobilité du Grand Avignon.

Quels sont vos partenaires ? Quel rôle ont-ils joué dans le projet (opérationnel, financier, consultatif) ? Comment ont-ils rejoint ce projet ?

Nos partenaires financeurs sont les régions, les départements, les villes, la SNCF et l'Etat. Les partenaires stratégiques et opérationnels sont la SPL Tecelys, notre délégataire TCRA, l'agence d'urbanisme, ATMO Sud.

Comment avez-vous évalué votre projet ? / Qu'avez-vous évalué (résultats, processus) ?

Nous faisons le suivi de cette fiche-action, que nous compilons. Nous observons le nombre d'actions engagées et celles qui ne l'ont pas été. Dans un premier temps, c'est donc une évaluation binaire. Ces critères étaient déjà indiqués dans le projet dès le départ. 

Chaque année, nous envoyons un courrier à nos partenaires pour leur indiquer les données d'entrée dont nous avons besoin pour mener à bien notre évaluation.

Nous suivons minutieusement le déroulement des actions et vérifions leur mise en œuvre : nous récoltons les indicateurs auprès des partenaires, nous animons des comités techniques de suivi, nous identifions les actions qui n'ont pas été engagées et les raisons des difficultés rencontrées puis nous mobilisons nos efforts en fonction des constats.

La modélisation nous permet de simuler de manière plus précise les effets des actions entreprises. Nous avons prévu d'évaluer, dès le départ, à la fois les résultats et le processus.

Enfin, une évaluation à 5 ans, obligatoire celle-ci, aura lieu en 2020.

Qui a évalué ?

Nous récoltons, nous compilons et nous renseignons. Nous faisons des présentations en comités techniques et en comités de pilotage.  

Quand l'évaluation a-t-elle lieu ?

Nous menons une évaluation régulière chaque année ce qui est un cas plutôt rare dans la Région. L'évaluation à l’horizon 5 ans aura lieu en 2020. 

Quels ont été les résultats (quantitatifs et qualitatifs) de l'évaluation ?

Ils ont nombreux ! Toutes les informations sont sur notre site : 

Avez-vous observé des effets inattendus (émergence d'une autre problématique, nouveaux partenariats, etc.) ? 

Non.

Si un autre territoire souhaitait reproduire votre action, quels conseils lui donneriez-vous ?

Il faut avoir une analyse rapide et fine du contexte. Ce qui est transférable, c'est de savoir comment se poser les bonnes questions à savoir comment identifier les besoins et arriver effectivement à des résultats et des actions concrètes.

Avez-vous identifié des points sur lesquels vous souhaiteriez évoluer et vous améliorer ?

Nous aimerions améliorer les données d’entrée, se doter avec nos partenaires de nouvelles données d’entrée plus fiables. Personnellement, je souhaiterais labelliser, par exemple en déclinant la charte graphique propre au PDU sur chacune des actions engagées sur le terrain, un panneau devant les parkings relais, aux transports en commun, aux itinéraires vélos afin de montrer la cohérence de ce projet.

Pouvez-vous identifier un ou plusieurs moments clés attribuables à la réussite de votre projet ?

Le démarrage a été l'un des moments clés. Nous avons pris soin de rendre notre discours clair lors des ateliers et des forums. Le deuxième moment clé a été la mobilisation des élus et en l'occurrence la sélection des actions parmi les 90 fiches proposées. Ce passage n'était pas gagné d'avance, d'autant plus que notre projet s'étalait à cheval entre deux mandats. Le fait que ce soit un projet mûr puis partagé a fini de convaincre les élus 

Comment le public a-t-il été informé de votre action ?

Nous avons beaucoup communiqué lors de la phase de concertation (Cf. questions précédentes.)

Avez-vous valorisé votre action ? Auprès de qui ? Comment ?

Aujourd'hui, cette valorisation se fait à la faveur des articles de journaux régionaux et de magazines. Nous avons aussi une communication en interne. Nous avons été invités au CEREMA à deux reprises.